vendredi 27 décembre 2013

"Le plus petit baiser jamais recensé" de Mathias Malzieu (Flammarion)

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Le chanteur de Dionysos a toujours créé des passerelles, plus ou moins abouties, entre ses romans et les albums du groupe. Il s'était égaré, à mon goût, sur le cycle Métamorphose en bord de ciel et Bird'n'Roll mais le voilà de retour avec Le plus petit baiser jamais recensé.
Certains le présentent comme la suite du très bon La Mécanique du coeur, je le vois plutôt comme un cousin de celui-ci dans une veine toujours poétique, drôle et fantasque qui serait le résultat de la fusion des mondes de Tim Burton, Michel Gondry et Amélie Poulain.

L'histoire est celle d'un inventeur dépressif qui rencontre une fille qui disparaît quand on l'embrasse. Après ce plus petit baiser jamais recensé il décide de la retrouver en employant tous les moyens. Il demande alors conseil à sa pharmacienne et à un détective à la retraite qui lui prête son perroquet pouvant enregistrer les voix. Après avoir eu le cœur brisé il est prêt à retomber amoureux de la mystérieuse fille invisible mais en sera-t-il de même pour elle ?...

Ce livre met le sourire aux lèvres et rend léger grâce aux situations et aux jeux de mots et de poésie qui se faufilent entre les lignes.
Posologie ? Pas de contre-indication, allez-y gaiement !

Si Mathias Malzieu veut faire partir une passerelle de ce livre j'espère qu'il la mènera vers un film plutôt que vers un disque...

Conseillé dès 16 ans

samedi 21 décembre 2013

"Canicule" de Baru d'après Jean Vautrin (Casterman)

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Dans un champ, au milieu de nulle part, sous un soleil de plomb, un homme, visiblement en fuite et pressé, cache un butin mais ne s'aperçoit pas qu'un gamin l'observe. Il décide de se cacher dans la ferme la plus proche qui s'avère être le pire endroit de déchéance et de haine où se planquer.
Habitée par un "patriarche" alcoolique libidineux et violent, sa femme froide saoulée par sa haine pour son mari, leur fille nymphomane et un poil barjot, la grand-mère asservie, son frère abruti de service et le petit dernier, bâtard, battu et envieux après avoir vu l'étranger cacher son butin, cette ferme est une vraie bombe à retardement.
L'arrivée de l'Américain et les conséquences qu'elle implique vont tout faire péter et faire sombrer la ferme dans une violence prévisible.

Je n'ai pas lu le roman de Jean Vautrin et peut-être qu'il vaut mieux que la BD. 
En même temps je n'ai jamais trop accroché avec le style de Baru. L'album a été présenté comme un essentiel dès sa sortie, il doit me manquer des références mais mon impression est qu'il est trop long ou mal découpé et qu'un autre dessin m'aurait certainement permis de mieux rentrer dans cette histoire. Et encore...
Tout roman n'est peut-être pas bon à transposer en BD.

One shot - Conseillé dès 16 ans

lundi 28 octobre 2013

Tâche au potager

Dans les poches d'une maîtresse gourmande, Madame Patate parade en robe des champs. La Charlotte, la Ratte et autres tartes avec leurs têtes de déterrées sont de la fête du paraître.

Elles se hâtent et s'attellent à la tâche pour épater les légumes attendant un trépas, panné ou en terrine. L'un d'eux rit comme une chèvre en détaillant l'argent que le potager a tâté de son héritage pour appâter l'Etat et être étape-départ du label "terroir et saveurs".

Madame Patate, pas bête, tape des pas, fait rater la fête, passe à table et glapit "halte à la cuisine et dépendance", aidée par la poule qui fait des bulles.


Fruit d'un atelier d'écriture avec Bastien Mots Paumés.
Ce choix de termes et de thème n'appartient qu'à moi, 
et s'il passe vers chez vous allez-y les yeux fermés !!!


jeudi 10 octobre 2013

Bibliotasque #8

Dans ma rue, j’entends la sirène : un padam padam qui laisse croire que tout fout le camp.
Le pas de la foule que je suis comme une étoile sans lumière, m’embarque dans une chanson à trois temps qui me balance dans mon manège à moi tel un piaf dans un ouragan.

Je me retrouve face à toi, mon amant de Saint-Jean. Tu es partout. Sous le ciel de Paris, plus bleu que tes yeux, je confesse que je ne regrette rien. J’ai dansé avec l’amour, avec toi, mon légionnaire, sur la mélodie des tambours, du vieux piano et de l’accordéoniste. Cette valse nous a donné le droit d’aimer, nous les amants d’un jour. Fais comme si La vie c’était pas triste, vois la vie en rose comme je la vois. Johnny tu n’es pas un ange et si tu te demandes, entre tes quatre murs, à quoi ça sert l’amour, rappelle toi de la P’tite Lili. Dans mes rêves, regarde-moi toujours comme ça, fais-moi valser et embrasse-moi.

J’entends sonner les trois cloches. J’ouvre les yeux et me retrouve boulevard du crime, les mômes de la cloche penchés sur ma bobine. Le petit monsieur triste, celui qui ne savait pas pleurer, tel un milord m’aide à me relever et me demande si l’homme à la moto me fait toujours tourner la tête.

Je lui réponds que , malgré mes hymnes à l’amour, il joue le bel indifférent Sur une colline et que la vie c’est pas toujours simple comme bonjour.


Edith Piaf


vendredi 4 octobre 2013

"Vanille ou chocolat" de Jason Shiga (Cambourakis)

❤❤❤❤❤

L'avant propos de Jason Shiga est clair : "Ceci n'est pas une bande dessinée comme les autres"

Et pour cause ! C'est un objet livresque intégrant pleinement le lecteur dans le choix de la suite des aventures de Jimmy par un procédé de renvoi de pages suivant des chemins et parcours différents selon ses choix.
Toutes ses aventures partent de chez le glacier - où il doit choisir entre vanille et chocolat - et croisent un professeur fou qui peut, suivant nos choix de lecteurs, décimer la planète ou non.

Le concept est génialement fou et nouveau. Shiga a dû bien se prendre la tête sur le concept et les liens mais on ne peut qu'apprécier cette lecture active qui est plus souvent réservée aux enfants et sous couvert du jeu plutôt que de la lecture. Il y a autant d'histoires qu'il n'y a d'issues et un temps de lecture incalculable selon si on veut lire une aventure ou toutes.


Conseillé dès 14 ans - One shot

dimanche 22 septembre 2013

"Ralph's party" de Lisa Jewell (Le Livre de Poche)

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La vie d'un petit immeuble londonien avec son lot d'histoires, de liens de voisinage, d'amour ou d'amitié, va vivre quelques rebondissements, notamment dans l'appartement de Ralph et Smith où tout change dès l'arrivée d'une nouvelle colocataire, Jem.
En plus d'un appartement, elle cherche le grand amour qu'elle croit incarné en Smith, qui lui même est envoûté par Cerise, la pétasse du dernier étage qui couche avec Karl le prof de rock et DJ de l'étage du dessus qui vit avec la femme de sa vie Siobhan.
Forcément il va y avoir quelques grains de sel dans les rouages, des caractères qui vont se révéler et des relations qui vont se morceler...

C'est un bon livre choral imprégné de l'ambiance et de l'humour british, par contre il ne fallait pas plus de personnages et quelques passages sont en trop à mon goût. C'était toutefois une bonne lecture d'été, faute d'avoir été mon livre de chevet il a été mon livre de plage et il s'y prêtait bien.

Conseillé dès 16 ans

lundi 16 septembre 2013

"Music Game Book : Histoire mondiale de la musique du 20ème siècle" (Assouline)

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Les éditions Assouline ont compris que les livres ludiques ne sont pas l'apanage des enfants et la collection des "Game book" en est le parfait exemple.

Le Music Game Book est d'abord un bel objet avec une maquette coloré, moderne et sobre mais il est aussi un livre sérieux sur la musique, ceux qui l'ont faite et qui la font, entrecoupé de jeux de reconnaissances, avec ou sans volets et avec ou sans languettes pour attribuer les bonnes paroles, les bonnes partitions, les bonnes citations ou les bonnes inventions aux bonnes personnes ou époques.

Le plus c'est la playlist en fin d'ouvrage qui illustre les genres et les gens révélés au fil des pages même si ça demande le temps d'aller les écouter en streaming et de se rendre compte qu'on a encore beaucoup de choses à découvrir... Enfin pour ma part...

Si le concept vous plaît il existe aussi l'Art Game Book mais le Ciné Game Book n'est plus disponible en librairie... alors essayez en bibliothèque.

Conseillé dès 15 ans

dimanche 15 septembre 2013

"Tueurs de mamans" de Zidrou, Ludowick Borecki et Benoît Ers (Dupuis)

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Cinq lycéennes se retrouvent en cachette dans la chapelle abandonnée de leur école, telle une confrérie ayant pour point commun l'absence du père. Lors de leurs "réunions" elles ont des considérations d'adolescentes dont celle, récurrente, de détester leur mère parce qu'elles ne les comprennent pas.
Un jour elle tombent sur un site Internet qui punit les mauvais parents. Elles se lancent dans ce qu'elles prennent pour un jeu, payant et payé avec la carte bleue d'une des mamans. Chacune décrit comment sa mère serait châtiée voire mourrait.
Très vite une première maman est réellement agressée et les filles vont devoir sauver leur mère puisque le site des punisseurs n'accepte ni annulation, ni remboursement, ni service après vente...

Je comprends le message sur les dérives d'Internet et le manque de communication réelle alors que les technologies se développent mais je n'ai pas accroché à cette histoire dessinée sans subtilités à mon goût. Les personnages sont trop formatés sur le type BD humoristiques pour pré-adolescents et ne collent pas à un fond qui aurait pu être intéressant si on ne sentait pas autant l'adulte derrière un scénario à destination des "grands ados".

Certains, s'ils croisent un jeune avec l'album dans les mains, vont crier au loup et à Dieu en croyant qu'une tuerie se prépare mais il n'y a que le titre qui fait peur... et éventuellement le fait que tout est probable...

Série en cours (2 tomes)

jeudi 12 septembre 2013

Bibliotasque #7

Je consulte la conseillère anthropophage à cause de ma mère :
- "Parle avec elle. Elle suit les femmes au bords de la crise de nerfs comme Pepi, Luci, Bom et autres filles du quartier."

Mais qu’est-ce que j'ai fait pour mériter ça ?
Je suis dans les ténèbres depuis la mort sur la route de Kika et voilà que cette femme à la blancheur qui glace me demande d’ouvrir la fleur de mon secret, de lui parler de ma mauvaise éducation et de révéler tout sur ma mère.

Je veux juste réanimer la peau que j’habite sans avoir à passer du labyrinthe des passions à des étreintes brisées avec des amants passagers à qui je crierais « Attache-moi! »
- "Le sexe ça va, ça vient, c’est la loi du désir, mais moi je veux revenir, en chair et en os bien dans mes talons aiguilles.
- Pour cela, Salomé, il vous faudra choisir le rêve ou l’étoile..."


Pedro Almodovar

lundi 9 septembre 2013

"Beauté" de Hubert et Kerascoët (Dupuis)

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La beauté devait être le salut de Morue pour sa survie dans un monde ou sa laideur ne trouvait grâce. Elle en fait ainsi le vœu quand la fée Mab, qu'elle a libérée d'un sort, lui dit pouvoir l'exaucer.
Elle devient alors magnifique aux yeux de tous mais reste la même lorsqu'elle se voit. Le risque de l’enchantement est qu'elle possède une de ces beautés à rendre tout homme fou. Rois et princes perdent la tête en étant prêts à tout pour la belle même aux pires crimes, à son rapt, à l'abandon de leur peuple, à l'oubli de soi et des autres, à la séquestration ou à déclencher des guerres.
Amour véritable et passion dévorante flattent d'abord Beauté (nom plus approprié pour Morue) avant qu'elle subisse les conséquences d'un tel sort et du fait d'être Reine...

Cette trilogie est un conte avec ce qu'il faut de personnages royaux, de châteaux, de jalousie, d'enchantement et d'amour, avec des ressorts mythologiques dramatiques quant aux rebondissements et aux événements. Le personnage de Beauté évolue parfaitement au fil des trois tomes, son esprit de Morue n'est pas très affûté au début mais à la clôture de la série elle prend les décisions qui vont avec le charisme de Beauté.
Le scénario est bien mené avec juste ce qu'il faut comprendre ou suggérer, et ce, appuyé par le dessin magique du duo Kerascoët dont le travail graphique me séduit de plus en plus. Les caractères des personnages se lisent dans les traits de leurs visages, les paysages sont détaillés sans être grandiloquents et les couleurs d'Hubert suivent l'évolution de Beauté.

C'est évidemment une série que je recommande vivement !

Conseillé dès 15 ans - Série terminée en 3 tomes

mardi 30 juillet 2013

"Tous les clichés du cinéma" de Pierre Mignaval (Fetjaine)

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C'est l'histoire d'un livre prometteur et qui commence bien mais qui aurait pu être plus concis.
L'idée est simple : Faire un liste non exhaustive et thématique de tous les clichés qu'on nous pond dans un cinéma facile et pas que.
Des péplums aux teens movies en passant par les séries ou films d'horreur, tous les genres sont épinglés et tous ceux qui les font aussi : le méchant, le héros, le flic ou la femme.

C'est drôle tellement c'est gros et véridique que c'est le genre de livre dans lequel on pioche ce qu'on veut et quand on veut du type :
  • "Même sur un terrain sans obstacle, la fille poursuivie par le monstre s'arrange toujours pour se casser la figure comme une cruche"
  • "Celui qui se vante de ne pas avoir peur est foutu d'avance"
  • "Les méchants équipent leurs bombes d'un minuteur bien voyant afin que le héros sache combien de temps il lui reste pour les désamorcer"
  • "Le héros voyage sans bagage"
  • "Si le méchant dit "vous allez mourir", en fait c'est lui qui va mourir"
  • "Zorro doit vraiment les avoir en acier pour ne pas se les écrabouiller en sautant sur son cheval du haut du deuxième étage"
  • "Une allumette éclaire autant qu'une ampoule de 150 watts
  • "La livraison d'un test ADN prend moins de temps que celle d'une pizza"
  • "Si un Américain commande du vin blanc, ce sera un Chardonnay"
  • "Les femmes des western sont danseuses de saloon, femmes de pasteur ou institutrices"
  • "Des lunettes, un chignon et un appareil dentaire sont censés anéantir chez l'homme toute velléité d'érection"
  • "Les draps hollywoodiens s'arrêtent aux aisselles pour les femmes et à la taille pour les hommes"

Conseillé dès 14 ans

jeudi 4 juillet 2013

Bibliotasque #6

Son procès est passé et le soutier, regard à terre, attend.

Il a quitté son terrier en rêvant d'une vie de château. Il ne demandait pas l'Amérique ou devenir médecin de campagne mais juste une métamorphose lui évitant de devenir un champion du jeûne forcé.

Dans sa lettre au père, il dit sans paraboles, qu'il préfère manger en colonie pénitentiaire que mourir de faim dans une gouttière.

Le verdict tombe. Son aphorisme est exaucé...


Franz Kafka


mercredi 3 juillet 2013

"Le Code de l'art " de Andy Guérif (Palette)

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Encore un bon livre sur l'art d'abord à destination des enfants mais pour tous les âges, en fait.

Cette fois-ci, Andy Guérif fait un parallèle intéressant et drôle entre les panneaux de signalisation que nous rencontrons sur les routes et des œuvres d'art. L’intérêt est de découvrir des œuvres et, même parfois, des panneaux qu'on ne croise pas à tous les coins de rue, comme ceux utilisés pour Yves Klein ou Vassily Kandinsky.
Le lien entre panneaux et tableaux n'est pas que l'ordre de la référence, il est un miroir. La construction du tableau répond à la structure du panneau et c'est parfois bluffant avant d'être amusant.


A offrir pour toute occasion ou à lire avec attention.

Conseillé dès 7 ans

jeudi 27 juin 2013

"Les (Vraies !) histoires de l'art" de Sylvain Coissard et Alexis Lemoine (Palette)

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Qu'il est bon de feuilleter des documentaires pour la jeunesse... On peut découvrir des perles d'humour et de désacralisation de l'art comme ce livre des, très bonnes, éditions Palette.

Les questions sont "que s'est-il passé?" ou "comment en est-on arrivé là?" face aux œuvres d'art comme La Chambre de Vincent Van Gogh, les différents portraits d'Arcimboldo ou Le Cri de Edvard Munch.
Les réponses sont données par Sylvain Coissard et Alexis Lemoine sous forme de triptyques humoristiques, biens trouvés, simples et justes, comme cette interprétation du Déjeuner des canotiers d'Auguste Renoir (1881)







C'est un bon moment passé dans un petit musée dont on ressort sourire aux lèvres et légers, avec en tête d'autres œuvres à réinterpréter... Ca inspire et ça fait plaisir !

Conseillé dès 8 ans  (et jusqu'à pas d'âge...)

mercredi 12 juin 2013

"Nasr Eddin Hodja" de Jean-Louis Maunoury

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Nasr Eddin Hodja a fait l'objet de beaucoup de publications, adaptations ou traductions auxquelles Jean-Louis Maunoury a largement contribué. Les anecdotes, aux airs de contes, de ce personnage musulman mythique sont d'un idiotie philosophique ou d'une philosophie idiote à mourir de rire ou à déclencher un rire tendre.
Outre l'édition de Motus, illustrée par Henri Galeron (dont je conseille le très bon Paysajeux), il y a aussi celles de Phébus ou Albin Michel qui recensent quelques contes idiots du Hodja.
Pépite ou gourmandise littéraire ? A vous de juger...

LES HOMMES ET LES FEMMES

Un après-midi, sur la place publique, un voyageur raconte à un groupe de badauds qu'il revient des lointains pays de l'Afrique Centrale, et il en décrit les curiosités et les merveilles.
- Là-bas, expose-t-il au moment où Nasr Eddin vient à passer, il fait si chaud que les gens ne portent aucun vêtement...
- Tu racontes des sornettes, lui lance le Hodja, ce que tu prétends est absolument impossible.
- Et pourquoi donc ? réplique l'autre. Ce sont des sauvages qui n'ont aucune pudeur.
- La pudeur n'a rien à faire là-dedans, poursuit Nasr Eddin.
- Eh bien alors? ...
- Eh bien alors, dis-nous donc, gros malin, comment ils s'y prennent pour reconnaître les hommes des femmes ?

Conseillé dès 12 ans (ou dès lors qu'on a acquis le second degré)

jeudi 2 mai 2013

"Pablo" de Julie Birmant et Clément Oubrerie (Dargaud)

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Je n'attendrai pas de lire le 3ème tome de Pablo pour en parler, d'autant que 4 tomes sont prévus donc on devrait encore attendre.

Cette série aborde la vie de Pablo Picasso lorsqu'il s'est exilé à Paris alors qu'il avait à peine 20 ans. On suit son histoire et ses rencontres avec le gratin artistique contemporain à travers le regard et le témoignage de Fernande, son amour qui sera sa muse à ses débuts. On voit naître ses amitiés avec, entre autres, Max Jacob, Guillaume Apollinaire et Gertrude Stein. Au fil des pages, on se rend compte que le bonhomme espagnol était un artiste tantôt impressionnable tantôt égocentrique faisant face à une évolution rapide du milieu et des écoles.

Cette plongée dans l'univers des peintres du début du 20ème siècle logés au fameux Bateau-Lavoir fait beaucoup de bien, tant par le dessin réaliste et émotionnel de Clément Oubrerie que par un scénario dont le rythme sied à l'histoire sans trop vouloir en dire. Il me manque des références parmi les peintres rencontrés mais ça ne gêne pas pour la compréhension de l'historie et pour ceux qui n'y connaissent rien ou pas grand chose, ce n'est pas de l'Histoire de l'art c'est une histoire sur l'art et sur les rapports hommes-femmes complexe de tout temps.

Vous trouverez la série dans toute bonne bibliothèque, librairie ou encore en boutique du Musée Picasso de Paris... 

Conseillé dès 16 ans - Série terminée en 4 tomes

samedi 13 avril 2013

"Des Salopes et des Anges" de Tonino Benaquista et Florence Cestac (Dargaud)

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Dans les années 70, en France, trois femmes qui n'auraient pas été amenées à se rencontrer se retrouvent liées dans un moment difficile : faire face à une grossesse non désirée et choisir d'avorter.
L'une parce que le père s'est barré préférant une évolution de carrière à une création de foyer, l'autre parce que c'est le fruit d'un adultère et la dernière par conviction puisque qu'elle est activiste pour le droit des femmes, entre autres.
A ce moment là l'IVG est interdite en France mais pas en Angleterre. Elles partent pour Londres avec l'aide du MLAC (Mouvement pour la Liberté de l'Avortement et la Contraception) et ne seront plus les mêmes femmes à leur retour mais deviendront amies.

Ainsi présentée, vous me direz que cette BD va pas faire grand mal et que c'est encore un truc de nana. Pas tout à fait. Elle commence avec un rappel documentaire sur l'avortement, elle continue avec cette amitié de femmes de milieux différents et avec des problématiques de grossesse différentes et elle se termine par des rebondissements quasi comiques à la limite de l'improbable mais excusables.
Cet album aurait le mérite d'éclairer les jeunes filles (et les jeunes hommes) afin de leur rappeler ou les informer sur ce que leurs grands-mères ont vécu pour obtenir ce qu'elles croient normal aujourd'hui ou -pire- qu'elles ignorent.

Le dessin de Florence Cestac, plus utilisé pour illustrer des scénarios humoristiques, contrebalance avec le message lancé par Benaquista. Globalement l'album est pas mal mais je l'aurais certainement plus apprécié avec une autre illustration et une autre fin. Je ne renie, cependant, pas l'utilité du livre.

Conseillé dès 14 ans - One shot

mercredi 3 avril 2013

Trentenaire, révolutionnaire ?

Devenir trentenaire c’est repenser
aux trente anniversaires passés :
aux personnes rencontrées,
restées ou enfuies,
aux situations préférées
rêvées ou choisies,
aux secrets profonds
révélés ou enfouis…
Alors que les dés sont déjà lancés.

Aussi, ce moment est souvent gâché
par les espions de la vie toute tracée.
Les voyant arriver armés de leurs questions réchauffées,
il faut, diplomatie aux dents, être prêts à rétorquer.

« Le temps réglementaire est écoulé officier, quand on devient trentenaire, on est cadre, mariée et mère »

Décompter ces commentaires du père
ou de la mère reste ordinaire,
mais se confronter à ces avis terre à terre
de réactionnaire des trompes donne de l’urticaire.

Avoir fait un transfert
de l’univers des contes
ne confère pas le droit
d’imposer un état,
annulaire au doigt,
bébé dans les bras.

Réfractaire à l’idée mais pas autoritaire d’une pensée,
on est plus souvent solidaire de leur liberté de procréer,
alors qu’ils se liguent à nous décrire célibataire
ou couple trentenaire évitant la galère.
Comment faire taire ceux qui nous voient libertaire d’un schéma
alors qu’on espère un régime égalitaire en choix.

Devenir trentenaire c’est ressasser
des milliers d’arguments passés
à des personnes rencontrées,
restées dans l’idée
que leur situation préférée
qui n'est pas notre choix,
résulte d’un secret caché
qu’elles cherchent à révéler…
Alors que les dés sont pipés.

lundi 1 avril 2013

"Le Singe d'Hartlepool" de Wilfrid Lupano et Jérémie Moreau (Delcourt-Mirages)

❤❤❤❤❤

Début du 19ème siècle. Les habitants de Hartlepool retrouvent sur leur plage des débris d'un vaisseau français victime de la tempête. Ils s’imaginent trouver des cadavres de ces Français qu'ils exècrent mais tombent sur un survivant inattendu : un singe portant le costume militaire français.
Ce qu'ils voient est le costume mais pas le singe. Le Maire - aussi aubergiste du village - veut que sa ville soit citée en exemple et décide de pendre le français. Tout le monde se prend au jeu au point que les enfants jouent à la guerre et que le plus vieux vétéran du village a des réminiscences de vengeance jusqu'à se mettre en danger. Heureusement, un docteur est de passage - malgré lui - mais espère partir au plus vite de Hartlepool tant l'ambiance y est à la déficience morale quant au sort de ce français, enfin de ce singe.

Wilfrid Lupano s'est inspiré de la légende de Hartlepool qui vaut aux habitants de cette ville le doux nom de "monkey hanger" (pendeur de singe). Elle a beau être présentée comme un légende on n'a, malheureusement, pas de mal a croire que cette histoire puisse être vraie. Si la masse voit un homme elle n'entend pas les quelques uns qui voient un singe. Le scénario est bien mené pour faire croire à un éventuel changement et le dessin colle parfaitement à l'ambiance qui règne dans ce village.
Lire cette BD ne rassure pas sur les raisons qui peuvent pousser à la guerre ou la haine mais rappelle avec simplicité à quel point cela peut être d'une débilité consternante.

L'album se termine sur cette citation de Dean William R. Inge : "La nation est une société unie par des illusions sur ses ancêtres et par la haine commune de ses voisins."
A méditer....

Conseillé dès 15 ans - One shot

vendredi 15 mars 2013

"Bienvenue T.2" de Marguerite Abouet et Singeon (Gallimard - Bayou)

O O O O O

Bienvenue est une étudiante aux Beaux-Arts qui vit en collocation avec sa cousine et enchaîne les petits boulots pour survivre. Comme si sa vie, ses angoissses et ses petits tracas ne lui suffisaient pas, elle s'attache trop facilement à ses voisins et autres cas perdus pour les secourir tel le pompier qui libère le chat de l'arbre. Bref c'est une vraie gentille qui se retrouve souvent embarquée dans des situations qui la dépassent et qui peuvent se retourner contre elle.

J'avais lu le premier tome il y a un petit moment et j'ai eu plaisir à retrouver ce bout de femme au fil des pages du second. Heureusement qu'il y a un rappel des personnages au début de l'album car j'étais un peu perdue puis je suis rentrée assez vite dans cette chronique de vie chorale, comme dans L'Immeuble d'en face de Vanyda, avec des histoires plus tendres et plus cocasses.

Marguerite Abouet, après les péripéties d'Aya de Yopougon, se lance dans celle de Bienvenue avec le même sens du rebondissement qui donne envie de lire le tome suivant tout de suite.

Conseillé dès 14 ans - Série finie en 3 tomes

mardi 5 mars 2013

"Cerise et Garou" de Marc et Isabel Cantin et Patrice Le Sourd (Clair de Lune - Espiègle)

O O O O O

Non ce n'est pas la rencontre de représentants de Groupama et The Voice, c'est celle de Cerise qui vit dans la forêt Perrault où ses voisins sont, entre autres, un ogre, une sorcière ou une momie et où elle est amie avec un loup qui n'a de Garou que son prénom. Dans cette ambiance tout à fait normale - après tout, où est le mal? - ils font tout ensemble comme jouer, vivre ou aller à l'école mais parfois la plus simple action devient cocasse.

Ces saynètes en 3 ou 4 planches sont pleines de références aux contes de fées et sont surtout très drôles tant les personnages jouent à contre-emploi. Cerise n'est pas sans rappeler le Petit Chaperon Rouge faussement naïf, surtout espiègle, et qui - après tout- ne veut que jouer.
Les mêmes auteurs et illustrateur avait signé Wally Doyle dont le scénario était assez mal découpé (des longueurs contre des ellipses qui méritaient un traitement plus long) et où on retrouvait déjà un duo enfant-animal qui fonctionnait bien.

C'est une bonne série qu'on peut lire dans l'ordre qu'on veut, alors n'hésitez pas à entrer dans l'univers de Cerise et Garou...

Conseillé dès 7 ans - Série complète en 2 tomes

mercredi 27 février 2013

"Piege nuptial" de Christian De Metter (Casterman)

O O O O O

Nick, un Américain avec un besoin d'aventure, part à la découverte du désert australien. Il y achète un van et se laisse pousser sur les routes. Il y prendra une auto-stoppeuse, Angie, 21 ans, sortie de son patelin perdu dans le bush pour découvrir du pays. Il se passe ce qu'il doit se passer et une aventure, que Nick pensait sans lendemain, débute. Ne se rendant pas compte de l'esprit tordu de sa princesse du cru, il va se retrouver piégé, marié, futur papa et séquestré dans le pire bouze australien où la consanguinité serait la solution à bien des problèmes. A sa place, vous vous barreriez vite fait et c'est ce qu'il compte faire...

Je n'avais pas encore lu De Metter dont j'ai toujours entendu beaucoup de bien et cet album confirme la rumeur. Le trait colle parfaitement à la situation, les dialogues et les ambiances sont bien choisis, le rythme est niquel, c'est un bon album qui donne envie de lire l'histoire originale puisque c'est l'adaptation du livre du même nom de Douglas Kennedy.

Je vais donc me mettre à De Metter et particulièrement à Marilyn et à Shutter Island. 

Conseillé dès 16 ans - One shot 

jeudi 7 février 2013

"Lily" (Pierre Perret)

On la trouvait plutôt jolie, Lily,
Elle arrivait des Somalies, Lily,
Dans un bateau plein d'émigrés
Qui venaient tous de leur plein gré
Vider les poubelles à Paris.

Elle croyait qu'on était égaux, Lily,
Au pays d'Voltaire et d'Hugo, Lily,
Mais pour Debussy en revanche
Il faut deux noires pour une blanche
Ça fait un sacré distinguo.

Elle aimait tant la liberté, Lily,
Elle rêvait de fraternité, Lily,
Un hôtelier rue Secrétan
Lui a précisé en arrivant
Qu'on ne recevait que des Blancs.

Elle a déchargé des cageots, Lily,
Elle s'est tapé les sales boulots, Lily,
Elle crie pour vendre des choux-fleurs
Dans la rue ses frères de couleur
L'accompagnent au marteau-piqueur.

Et quand on l'appelait "Blanche-Neige", Lily,
Elle se laissait plus prendre au piège, Lily,
Elle trouvait ça très amusant
Même s'il fallait serrer les dents
Ils auraient été trop contents.

Elle aima un beau blond frisé, Lily,
Qui était tout prêt à l'épouser, Lily,
Mais la belle-famille lui dit nous
Ne sommes pas racistes pour deux sous
Mais on veut pas de ça chez nous.

Elle a essayé l'Amérique, Lily,
Ce grand pays démocratique, Lily,
Elle aurait pas cru sans le voir
Que la couleur du désespoir
Là-bas aussi ce fût le noir.

Mais dans un meeting à Memphis, Lily,
Elle a vu Angela Davis, Lily,
Qui lui dit viens ma petite sœur
En s'unissant on a moins peur
Des loups qui guettent le trappeur.

Et c'est pour conjurer sa peur, Lily,
Qu'elle lève aussi un poing rageur, Lily,
Au milieu de tous ces gugus
Qui foutent le feu aux autobus
Interdits aux gens de couleur.

Mais dans ton combat quotidien, Lily,
Tu connaîtras un type bien, Lily,
Et l'enfant qui naîtra un jour
Aura la couleur de l'amour
Contre laquelle on ne peut rien.

On la trouvait plutôt jolie, Lily,
Elle arrivait des Somalies, Lily,
Dans un bateau plein d'émigrés
Qui venaient tous de leur plein gré
Vider les poubelles à Paris.

vendredi 25 janvier 2013

"Les Amants de Carcassonne" de LF Bollée et Luca Malisan (Glénat)

O O O O O

Eté 1944, la fin de la guerre est proche mais l'occupant continue sa besogne. Linette y est confrontée lorsque sa famille meurt devant ses yeux alors que les Allemands cherchaient du résistant dans son village.

Elle décide d'aller à Carcassonne où elle devient l'assistante du poète Joë Bousquet avec qui elle tissera un lien particulier. Celui-ci tente de lui faire connaître Carcassonne en utilisant l'Histoire et les Cathares pour mettre en scène une histoire d'amour... A cela s'ajoutent leurs engagements en résistance et les complications que cela implique.

La couverture nous laisse croire que Carcassonne aura la part belle dans cet album mais elle est plutôt prétexte à tellement d'histoires en même temps qu'aucune n'est vraiment aboutie et chacune manque d'éléments pour être juste. C'est dommage, avec plus de pages elle aurait pu être une bonne BD.