samedi 13 avril 2013

"Des Salopes et des Anges" de Tonino Benaquista et Florence Cestac (Dargaud)

O O O O O

Dans les années 70, en France, trois femmes qui n'auraient pas été amenées à se rencontrer se retrouvent liées dans un moment difficile : faire face à une grossesse non désirée et choisir d'avorter.
L'une parce que le père s'est barré préférant une évolution de carrière à une création de foyer, l'autre parce que c'est le fruit d'un adultère et la dernière par conviction puisque qu'elle est activiste pour le droit des femmes, entre autres.
A ce moment là l'IVG est interdite en France mais pas en Angleterre. Elles partent pour Londres avec l'aide du MLAC (Mouvement pour la Liberté de l'Avortement et la Contraception) et ne seront plus les mêmes femmes à leur retour mais deviendront amies.

Ainsi présentée, vous me direz que cette BD va pas faire grand mal et que c'est encore un truc de nana. Pas tout à fait. Elle commence avec un rappel documentaire sur l'avortement, elle continue avec cette amitié de femmes de milieux différents et avec des problématiques de grossesse différentes et elle se termine par des rebondissements quasi comiques à la limite de l'improbable mais excusables.
Cet album aurait le mérite d'éclairer les jeunes filles (et les jeunes hommes) afin de leur rappeler ou les informer sur ce que leurs grands-mères ont vécu pour obtenir ce qu'elles croient normal aujourd'hui ou -pire- qu'elles ignorent.

Le dessin de Florence Cestac, plus utilisé pour illustrer des scénarios humoristiques, contrebalance avec le message lancé par Benaquista. Globalement l'album est pas mal mais je l'aurais certainement plus apprécié avec une autre illustration et une autre fin. Je ne renie, cependant, pas l'utilité du livre.

Conseillé dès 14 ans - One shot

mercredi 3 avril 2013

Trentenaire, révolutionnaire ?

Devenir trentenaire c’est repenser
aux trente anniversaires passés :
aux personnes rencontrées,
restées ou enfuies,
aux situations préférées
rêvées ou choisies,
aux secrets profonds
révélés ou enfouis…
Alors que les dés sont déjà lancés.

Aussi, ce moment est souvent gâché
par les espions de la vie toute tracée.
Les voyant arriver armés de leurs questions réchauffées,
il faut, diplomatie aux dents, être prêts à rétorquer.

« Le temps réglementaire est écoulé officier, quand on devient trentenaire, on est cadre, mariée et mère »

Décompter ces commentaires du père
ou de la mère reste ordinaire,
mais se confronter à ces avis terre à terre
de réactionnaire des trompes donne de l’urticaire.

Avoir fait un transfert
de l’univers des contes
ne confère pas le droit
d’imposer un état,
annulaire au doigt,
bébé dans les bras.

Réfractaire à l’idée mais pas autoritaire d’une pensée,
on est plus souvent solidaire de leur liberté de procréer,
alors qu’ils se liguent à nous décrire célibataire
ou couple trentenaire évitant la galère.
Comment faire taire ceux qui nous voient libertaire d’un schéma
alors qu’on espère un régime égalitaire en choix.

Devenir trentenaire c’est ressasser
des milliers d’arguments passés
à des personnes rencontrées,
restées dans l’idée
que leur situation préférée
qui n'est pas notre choix,
résulte d’un secret caché
qu’elles cherchent à révéler…
Alors que les dés sont pipés.

lundi 1 avril 2013

"Le Singe d'Hartlepool" de Wilfrid Lupano et Jérémie Moreau (Delcourt-Mirages)

❤❤❤❤❤

Début du 19ème siècle. Les habitants de Hartlepool retrouvent sur leur plage des débris d'un vaisseau français victime de la tempête. Ils s’imaginent trouver des cadavres de ces Français qu'ils exècrent mais tombent sur un survivant inattendu : un singe portant le costume militaire français.
Ce qu'ils voient est le costume mais pas le singe. Le Maire - aussi aubergiste du village - veut que sa ville soit citée en exemple et décide de pendre le français. Tout le monde se prend au jeu au point que les enfants jouent à la guerre et que le plus vieux vétéran du village a des réminiscences de vengeance jusqu'à se mettre en danger. Heureusement, un docteur est de passage - malgré lui - mais espère partir au plus vite de Hartlepool tant l'ambiance y est à la déficience morale quant au sort de ce français, enfin de ce singe.

Wilfrid Lupano s'est inspiré de la légende de Hartlepool qui vaut aux habitants de cette ville le doux nom de "monkey hanger" (pendeur de singe). Elle a beau être présentée comme un légende on n'a, malheureusement, pas de mal a croire que cette histoire puisse être vraie. Si la masse voit un homme elle n'entend pas les quelques uns qui voient un singe. Le scénario est bien mené pour faire croire à un éventuel changement et le dessin colle parfaitement à l'ambiance qui règne dans ce village.
Lire cette BD ne rassure pas sur les raisons qui peuvent pousser à la guerre ou la haine mais rappelle avec simplicité à quel point cela peut être d'une débilité consternante.

L'album se termine sur cette citation de Dean William R. Inge : "La nation est une société unie par des illusions sur ses ancêtres et par la haine commune de ses voisins."
A méditer....

Conseillé dès 15 ans - One shot